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rapporter, car ils sont fort expressifs : « L’Amiral, dit-il, commanda que trente hommes de son navire descendissent en terre pour explorer l’île ; et ces hommes étant descendus à la rive, trouvèrent quatre chiens et autant d’hommes jeunes et femmes au rivage, venant au-devant d’eux, et tendant les bras comme suppliants et demandant aide et délivrance de la gent cruelle. Les Cannibales voyant cela, tout ainsi que dans l’île de Guadeloupe, fuyant, se retirèrent tous aux forêts. Et nos gens demeurèrent deux jours en l’île pour la visiter.

« Pendant ce temps, ceux qui étaient demeurés au navire virent venir de loin un canot ayant huit hommes et autant de femmes ; nos gens leur firent signe ; mais eux approchant, tant hommes que femmes, commencèrent à transpercer très-légèrement et très-cruellement de leurs sagettes les nôtres avant qu’ils eussent eu le loisir de se couvrir de leurs boucliers, en telle manière qu’un Espagnol fut tué d’un trait d’une femme, et celle même d’une autre sagette en transperça un autre.

« Ces sauvages avaient des sagettes envenimées, contenant le venin au fer ; parmi eux était une femme à laquelle obéissaient tous les autres et s’inclinaient devant elle. Et c’était, comme on pouvait apercevoir par conjecture, une reine, ayant un fils de cruel regard, robuste, de face de lion, qui la suivait.

« Les nôtres, donc, estimant qu’il valait mieux combattre main à main que d’attendre plus grands maux en bataillant ainsi de loin, avancèrent tellement leur