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Cette terre, c’était une île couverte d’arbres. L’Amiral, la croyant inhabitée, passa outre, reconnut quelques îlots épars sur sa route et arriva devant une seconde île. La première fut nommée Dominique, la seconde Marie-Galante, noms qu’elles portent encore aujourd’hui. Le lendemain, une troisième île plus grande se montra aux Espagnols. Et, dit le récit de ce voyage fait par Pierre Martyr, contemporain de Colomb, « quand ils furent arrivés auprès, ils reconnurent que c’était l’île des infâmes Cannibales ou Caraïbes, dont on avait seulement ouï parler pendant le premier voyage. »

Les Espagnols, bien armés, descendirent sur ce rivage, où s’élevaient une trentaine de maisons de bois de forme ronde et couvertes de feuilles de palmier. À l’intérieur de ces huttes étaient suspendus des hamacs de coton. Sur la place se dressaient deux espèces d’arbres ou poteaux autour desquels deux grands serpents morts étaient enlacés. À l’approche des étrangers, les naturels s’enfuirent à toutes jambes, abandonnant un certain nombre de prisonniers qu’ils se préparaient à dévorer. Les matelots fouillèrent leurs cases, et ils trouvèrent des os de jambes et de bras, des têtes fraîchement coupées, encore moites de sang, et autres restes humains qui ne laissaient aucun doute sur le mode d’alimentation de ces Caraïbes.

Cette île, que l’Amiral fit explorer en partie et dont on reconnut les principales rivières, fut baptisée du nom de Guadeloupe, à cause de sa ressemblance avec