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ne fut détourné, et pendant toute la nuit, des indigènes armés firent bonne garde autour des dépôts de provisions.

Le lendemain, Guacanagari se rendit à bord de la Nina, afin de consoler l’Amiral, et il mit toutes ses richesses à sa disposition. En même temps, il lui offrait une collation composée de pain, de chevrettes, de poissons, de racines et de fruits. Colomb, ému de ces témoignages d’amitié, forma le projet de fonder un établissement sur cette île. Il s’attacha donc à gagner les Indiens par ses présents et ses caresses ; puis, voulant aussi leur donner une idée de sa puissance, il fit décharger une arquebuse et un espingard, dont la détonation effraya beaucoup ces pauvres gens.

Le 26 décembre, les Espagnols commencèrent la construction d’une forteresse sur cette partie de la côte. L’intention de l’Amiral était d’y laisser un certain nombre d’hommes, approvisionnés de pain, de vin, de graines pour un an, et de leur abandonner la chaloupe de la Santa-Maria. Les travaux furent poussés activement.

Ce jour-là, on eut des nouvelles de la Pinta, qui s’était séparée de la flottille depuis le 21 novembre ; elle était ancrée dans une rivière à l’extrémité de l’île, disaient les naturels ; mais un canot envoyé par Guacanagari revint sans avoir pu la découvrir. Ce fut alors que Colomb, ne voulant pas continuer ses explorations dans les conditions où il se trouvait, et réduit à une seule caravelle depuis la perte de la Santa-Maria qui n’avait pu être