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le porta vers l’îlot de la Tortue, où il remarqua un cours d’eau navigable et une vallée si belle qu’il lui donna le nom de Vallée du Paradis. Le lendemain, en louvoyant dans un golfe profond, il aperçut un Indien qui manœuvrait habilement un petit canot, malgré la violence du vent. Cet Indien fut invité à venir à bord ; Colomb le combla de présents, puis il le débarqua à un port de l’île Espagnole, qui est devenu le port de la Paix.

Ces bons traitements rallièrent à l’Amiral tous les indigènes, et, depuis ce jour, ils vinrent en grand nombre au-devant des caravelles. Leur roi les accompagnait. C’était un jeune homme de vingt ans, bien constitué, vigoureux, avec un certain embonpoint. Il allait nu comme ses sujets et sujettes, qui lui témoignaient beaucoup de respect, mais sans aucune nuance d’humilité. Colomb lui fit rendre les honneurs dus à un souverain et en reconnaissance de ses procédés, ce roi, ou plutôt ce cacique, apprit à l’Amiral que les provinces de l’est regorgeaient d’or.

Le lendemain, un autre cacique vint mettre à la disposition des Espagnols tous les trésors de son pays. Il assista à la fête de Sainte-Marie que Colomb fit célébrer avec pompe sur son navire, qui avait été pavoisé pour la circonstance. Le cacique fut admis à la table de l’Amiral et fit honneur au repas ; après avoir goûté différents mets et différentes boissons, il envoyait les gobelets et les plats aux gens de sa suite. Ce cacique avait bon air ; il parlait peu et se montrait fort civil. Le repas terminé, il offrit quelques minces feuilles d’or à