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Il faut faire ici une observation très importante, car elle résulte de l’état des connaissances géographiques à cette époque : c’est que Colomb se croyait arrivé aux terres d’Asie. Cipango est le nom que Marco Polo donne au Japon. Cette erreur de l’Amiral, partagée par tous ses compagnons, il faudra bien des années pour la reconnaître, et, ainsi que nous l’avons dit déjà, le grand navigateur après quatre voyages successifs aux îles, mourra sans savoir qu’il a découvert un nouveau monde. Il est hors de doute que les marins de Colomb, et Colomb lui-même, s’imaginaient avoir rencontré, dans cette nuit du 12 octobre 1492, soit le Japon, soit la Chine, soit les Indes. C’est ce qui explique comment l’Amérique porta si longtemps le nom d’« Indes occidentales », et pourquoi les naturels de ce continent sont encore désignés sous la dénomination générale d’« Indiens », au Brésil et au Mexique aussi bien qu’aux États-Unis.

Christophe Colomb songeait donc uniquement à atteindre les rivages du Japon. Il côtoya San-Salvador de manière à explorer sa partie occidentale. Les indigènes, accourant sur le rivage, lui offraient de l’eau et du cassave, sorte de pain fabriqué avec une racine nommée « yucca ». Plusieurs fois, l’Amiral débarqua sur différents points de la côte, et, il faut bien l’avouer, manquant aux devoirs de l’humanité, il fit enlever quelques Indiens dans l’intention de les conduire en Espagne. Ces malheureux, on commençait déjà à les arracher à leur pays, on ne devait pas tarder à les vendre ! Enfin, les caravelles, perdant de vue San-Salvador, s’aventurèrent en plein Océan.