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du sud-ouest, l’Amiral consentit à modifier sa route de quelques points vers le sud. Or, cette modification eut des conséquences heureuses pour l’avenir, car, en continuant de courir droit à l’ouest, les caravelles auraient été donner contre le grand banc de Bahama et s’y seraient probablement mises en perdition.

Cependant, la terre si ardemment désirée, n’apparaissait pas. Chaque soir, le soleil, descendant sur l’horizon, se plongeait derrière une interminable ligne d’eau. Les trois équipages, plusieurs fois victimes d’une illusion d’optique, commençaient à murmurer contre Colomb, « un Génois, un étranger », qui les avait entraînés si loin de leur patrie. Quelques symptômes de révolte se manifestèrent à bord, et, le 10 octobre, les matelots déclarèrent qu’ils n’iraient pas plus loin.

Ici, des historiens un peu fantaisistes, qui ont raconté le voyage de Christophe Colomb, parlent de scènes graves dont sa caravelle aurait été le théâtre. Suivant eux, sa vie eût été menacée par les révoltés de la Santa-Maria. Ils disent aussi qu’à la suite de ces récriminations et par une sorte de transaction, trois jours de répit auraient été accordés à l’Amiral, après lesquels, si la terre ne s’était pas montrée, la flotte devait reprendre la route de l’Europe. On peut affirmer que ces récits sont des contes dus à l’imagination des romanciers du temps. Rien dans les relations mêmes de Colomb ne peut permettre d’y ajouter foi. Mais il est convenable de les rapporter, car il ne faut rien omettre de ce qui touche le navigateur génois, et un peu de légende ne messied