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rent une hirondelle et un paille-en-queue. La présence de ces oiseaux pouvait indiquer l’existence de terres rapprochées, car ils ne s’éloignent pas, ordinairement, à plus de vingt-cinq lieues en mer. La température était très-douce, le temps magnifique. Le vent soufflait de l’est et poussait les caravelles dans une direction favorable. Mais précisément cette persistance des vents d’est effrayait la plupart des marins, qui voyaient dans cette persistance même, si propice à l’aller, un obstacle au retour.

Le 16 septembre, on rencontra quelques touffes de varech encore fraîches, que le flot berçait. Mais la terre ne se montrait pas. Ces herbes provenaient vraisemblablement de roches sous-marines, et non des rivages d’un continent. Le 17, trente-cinq jours après le départ de l’expédition, on vit fréquemment des herbes flotter à la surface de la mer ; sur un de ces paquets herbeux, se trouvait même une écrevisse vivante, ce qui était un symptôme de la proximité des côtes.

Pendant les jours suivants, un grand nombre d’oiseaux, des fous, des paille-en-queue, des hirondelles de mer, volèrent autour des caravelles. Colomb se fondait sur la présence de ces oiseaux pour rassurer ses compagnons, qui commençaient à s’effrayer beaucoup de ne rencontrer aucune terre, après six semaines de traversée. Pour lui, il montrait une grande assurance, mettant toute sa confiance en Dieu. Il adressait souvent aux siens d’énergiques paroles, et, chaque soir, il les conviait à chanter le Salve Regina ou quelque autre