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C’était là une argumentation très-sérieuse pour l’époque. Aussi Christophe Colomb fut-il presque accusé du plus impardonnable des crimes dans ces pays intolérants, c’est-à-dire du crime d’hérésie. Il put échapper aux mauvaises dispositions du concile, mais l’étude de son projet fut encore ajournée.

De longues années s’écoulèrent. Le pauvre homme de génie, désespérant de réussir en Espagne, envoya son frère au roi d’Angleterre, Henri VII, afin de lui offrir ses services. Probablement le roi ne répondit pas.

Christophe Colomb se retourna alors avec une nouvelle insistance vers Ferdinand. Mais celui-ci était alors engagé dans sa guerre d’extermination contre les Maures et ce ne fut qu’en 1492, après les avoir chassés d’Espagne, qu’il prêta de nouveau l’oreille aux paroles du Génois.

L’affaire, cette fois, fut mûrement examinée. Le roi consentit à tenter l’entreprise. Mais, comme il convient aux âmes fières, Christophe Colomb voulut imposer ses conditions. On marchanda celui qui devait enrichir l’Espagne ! Colomb, indigné, allait sans doute et pour jamais quitter cet ingrat pays ; mais Isabelle, émue à la pensée de ces infidèles de l’Asie qu’elle espérait convertir à la foi catholique, fit rappeler le célèbre navigateur et accéda à toutes ses demandes.

Ce fut donc dix-huit ans seulement après qu’il eut conçu son projet, et sept ans après avoir quitté le monastère de Palos, que Colomb, alors dans sa cinquante-sixième année, signa à Santa-Feta, le 17 avril 1492, un traité avec le roi d’Espagne.