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furie des éléments s’étant calmée, Dias mit le cap à l’est, où il comptait rencontrer la terre. Mais, au bout de quelques jours, étant par 42° 54′ sud, il fit route au nord et vint mouiller à la baie dos Vaqueiros, ainsi nommée des troupeaux de bêtes à cornes et des bergers qui, de la plage, s’enfuirent dans l’intérieur à la vue des deux caravelles. À ce moment, Dias était à quarante lieues dans l’est du cap de Bonne-Espérance, qu’il avait doublé sans l’apercevoir. L’expédition fit de l’eau, gagna la baie San-Braz (Saint Blaise, aujourd’hui Mossel-Bay) et remonta la côte jusqu’à la baie de l’Algua et à une île da Cruz, où fut élevé un padrao. Mais là, les équipages, abattus par les dangers qu’ils venaient d’affronter, épuisés par la mauvaise qualité et la rareté des vivres, déclarèrent ne vouloir aller plus loin. « D’ailleurs, disaient-ils, puisque la côte court maintenant à l’est, il est bon d’aller reconnaître ce cap qu’on a doublé sans le savoir. »

Dias réunit le conseil et obtint qu’on remonterait encore dans le nord-est pendant deux ou trois jours. C’est grâce à sa fermeté qu’il put atteindre, à vingt-cinq lieues de da Cruz, une rivière qu’il appela, du nom de son second, Rio Infante. Mais, devant le refus des équipages de se porter plus loin, force fut à Dias de reprendre la route de l’Europe.

« Lorsqu’il se sépara, dit Barros, du pilier qu’il avait élevé en ce lieu, ce fut avec un tel sentiment d’amertume, une telle douleur, qu’on eût dit qu’il laissait un fils exilé à jamais, surtout quand il venait à se représenter com-