Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

création d’un évêché aux îles Canaries. Le roi, après l’avoir merveilleusement traité et comblé de présents, lui octroya les lettres qu’il demandait, et le baron de Béthencourt, avec une suite brillante, partit pour Rome.

Arrivé dans la ville éternelle, le baron y demeura trois semaines. Il fut admis à baiser les pieds du pape Innocent VII, qui, le félicitant de ce qu’il avait conquis tous ces Canariens à la foi catholique, le complimenta de ce courage dont il avait fait preuve pour s’en aller si loin de France. Puis, les bulles furent dressées ainsi que le demandait le baron de Béthencourt, et Albert des Maisons fut nommé évêque de toutes les îles canariennes. Enfin, le baron prit congé du pape, qui lui donna sa bénédiction.

Le nouveau prélat fit ses adieux au baron et partit immédiatement pour son diocèse. Il passa par l’Espagne, où il remit au roi des lettres de Jean de Béthencourt. Puis, il fit voile pour Fortaventure, où il arriva sans difficultés. Messire Maciot, qui avait été créé chevalier, le reçut avec de grands égards. Albert des Maisons organisa immédiatement son diocèse, gouvernant gracieusement et débonnairement, prêchant souvent, tantôt dans une île, tantôt dans une autre, et instituant au prône de l’église des prières spéciales pour Jean de Béthencourt. Maciot était aimé de tous également, et principalement des gens du pays. Il est vrai que ce beau temps ne dura que cinq années ; car, plus tard, Maciot, enivré par l’exercice de ce pouvoir souverain, entra dans la voie des exactions et fut chassé du pays.