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Revenu à Lancerote, le baron de Béthencourt y demeura jusqu’à son départ. Il ordonna alors à tous les gentilshommes qu’il avait amenés, à ses ouvriers et aux trois rois canariens de se réunir en sa présence deux jours avant son départ, afin de leur dire sa volonté et de les recommander à Dieu.

Aucun ne manqua au rendez-vous. Le baron de Béthencourt les reçut tous à la forteresse de Lancerote, où il les traita somptueusement. Le repas terminé, il monta dans une chaire un peu haute, et renouvela ses recommandations touchant l’obéissance que chacun devait à son neveu Maciot, le prélèvement du cinquième denier fait sur toutes choses à son profit, l’exercice des devoirs de chrétien et l’amour de Dieu. Puis il choisit ceux qui devaient l’accompagner à Rome, et il se disposa à partir.

A peine son navire eut-il appareillé que les gémissements éclatèrent de toutes parts. Européens et Canariens pleuraient « ce droiturier seigneur » qu’ils pensaient ne plus revoir. Un grand nombre d’entre eux entraient dans l’eau jusqu’aux aisselles, et essayaient de retenir le navire qui l’emportait. Mais la voile est hissée. Le sieur de Béthencourt part. « Dieu par sa grâce le veuille garder de mal et d’encombrié ! »

En sept jours, le baron normand arriva à Séville. De là il s’en fut rejoindre le roi à Valladolid, où il fut accueilli avec grande faveur. Il raconta l’histoire de sa conquête au roi d’Espagne et sollicita de lui des lettres de recommandation pour le pape, afin d’obtenir la