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quelle ils eurent d’abord l’avantage contre les Canariens, ils se débandèrent ; surpris alors par les indigènes, ils furent massacrés au nombre de vingt-deux, parmi lesquels le lieunant Jean le Courtois et Annibal, le bâtard de Gadifer.

Après cette fâcheuse rencontre, le baron de Béthencourt quitta la Grande-Canarie pour aller soumettre à sa domination l’île de Palme. Les Palmeros étaient des gens de grande adresse à lancer des pierres, et ils manquaient rarement leur but. Aussi, dans les nombreux combats avec les indigènes, y eut-il bon nombre de morts de chaque côté, cependant plus de Canariens que de Normands, dont une centaine périt.

Après six semaines d’escarmouches, le baron quitta l’île de Palme, et vint passer trois mois à l’île de Fer, grande île de sept lieues de long sur cinq de large, et qui a la forme d’un croissant. Son sol est élevé et uni. De grands bosquets de pins et de lauriers l’ombragent en maint endroit. Les vapeurs, retenues par de hautes montagnes, humectent le sol et le rendent propre à la culture du blé et de la vigne. Le gibier y est très-abondant ; les pourceaux, les chèvres, les brebis courent la campagne, en compagnie de gros lézards, qui ont la taille des iguanes d’Amérique. Quant aux habitants du pays, hommes et femmes, ils étaient très-beaux, vifs, gais, sains, agiles de corps, bien proportionnés et très-enclins au mariage. En somme, cette île de Fer était une des plus « plaisantes » qui fût dans l’archipel.