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En vingt et un jours, le baron de Béthencourt arriva au port d’Harfleur, et, deux jours après, il rentrait à son hôtel de Grainville. Tous les gentilshommes du pays vinrent le fêter, et la baronne et lui se firent grand accueil. L’intention de Jean de Béthencourt était de retourner dans le plus bref délai aux îles Canaries. Il comptait emmener tous ceux de ses compatriotes auxquels il conviendrait de le suivre, engageant des gens de tous les métiers, auxquels il promettait des terres, gens mariés ou à marier. Il parvint ainsi à réunir un certain nombre d’émigrants, parmi lesquels on comptait vingt-huit hommes d’armes, dont vingt-trois emmenaient leurs femmes. Deux navires avaient été disposés pour le transport de cette troupe, et rendez-vous fut donné pour le sixième jour de mai. Le 9 du même mois, le baron de Béthencourt mit à la voile, et il débarquait à Lancerote, quatre mois et demi après avoir quitté l’archipel.

Le seigneur normand fut reçu au son des trompettes, clairons, tambourins, harpes, buccines, et autres instruments. « On n’eut pas ouï Dieu tonner au milieu de la mélodie qu’ils faisaient. » Les Canariens saluèrent par leurs danses et leurs chants le retour du gouverneur, en criant : « Voici venir notre roi ! » Jean le Courtois arriva en toute hâte au-devant de son capitaine qui lui demanda comment tout allait : « Monsieur, tout va de mieux en mieux, » répondit le lieutenant.

Les compagnons du baron de Béthencourt furent logés avec lui au fort de Lancerote. Le pays semblait