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les Gomérytes, très redoutables par leur adresse et leur intrépidité, coururent sus aux Castillans, qui furent obligés de se rembarquer en toute hâte.

Gadifer, très-mécontent de l’accueil que lui faisaient ces sauvages Canariens, résolut de tenter encore une fois la fortune à l’île de Fer. Il partit donc et arriva de jour à cette île. Là, il put débarquer sans obstacle, et il resta pendant vingt-deux jours dans cette relâche.

L’île était magnifique en sa partie centrale. Plus de cent mille pins la hérissaient. Des ruisseaux, clairs et abondants, l’arrosaient en maint endroit. Les cailles pullulaient, et l’on trouvait en abondance des porcs, des chèvres et des brebis.

De cette île hospitalière, les conquérants passèrent à l’île de Palme, et ils mouillèrent dans un port situé à droite d’une importante rivière. Cette île était la plus avancée du côté de l’Océan. Couverte de pins et de dragonniers, arrosée par de bonnes rivières, revêtue d’excellents herbages, elle pouvait se prêter à toute espèce de cultures. Ses habitants, grands et robustes, bien faits, avaient les traits gracieux et la peau très-blanche.

Gadifer demeura peu de temps en cette île ; ses matelots firent de l’eau pour leur retour, et en deux nuits et deux jours, après avoir côtoyé les autres îles de l’archipel sans y débarquer, ils arrivèrent au fort de Lancerote. Ils avaient été absents trois mois. Pendant ce temps, leurs compagnons, toujours en guerre avec les indigènes, avaient fait un grand nombre de prisonniers, et les Canariens, démoralisés, venaient de jour en jour