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Caucase avaient été parcourues par lui. Après tant de fatigues, il avait droit au repos. Sa renommée était grande et eût satisfait un esprit moins ambitieux. Il était, sans conteste, le plus célèbre voyageur du quatorzième siècle ; mais son insatiable passion l’entraîna encore, et le cercle de ses explorations devait s’agrandir considérablement.

En quittant Constantinople, Ibn Batuta se rendit de nouveau à Astrakan. De là, traversant les arides déserts du Turkestan actuel, il gagna la ville de Chorasm, qui lui parut grande et populeuse, puis Boukharah, à demi détruite encore par les armées de Gengis-Khan. Quelque temps après, nous le retrouvons à Samarkand, ville religieuse qui plut beaucoup au savant voyageur, puis à Balk, qu’il ne put atteindre qu’après avoir franchi le désert de Khoraçan. Cette ville n’était que ruine et désolation. Les armées barbares avaient passé là. Ibn Batuta ne put y séjourner. Il voulut revenir dans l’ouest, sur la frontière de l’Afghanistan. Le pays montagneux du Kusistan se présentait à lui. Il n’hésita pas à s’y engager, et, après de grandes fatigues surmontées avec autant de bonheur que de patience, il atteignit l’importante ville d’Hérat.

Ce fut le point extrême auquel Ibn Batuta s’arrêta dans l’ouest. Il résolut alors de reprendre sa route vers l’Orient, et de toucher les extrêmes limites de l’Asie jusqu’aux rivages de l’océan Pacifique. S’il réussissait, il dépasserait ainsi le cercle des explorations de l’illustre Marco Polo.

Il se mit donc en route en suivant le Caboul et la