Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’un des ports de l’Abyssinie. Il remettait donc le pied sur la terre africaine. S’avançant dans le pays des Berbères, il étudia les mœurs, les habitudes de ces tribus sales et repoussantes, qui ne vivent que de poissons et de chair de chameau. Ibn Batuta, cependant, trouva dans la ville de Makdasbu un certain luxe, nous dirions presque un confort, dont il conserva un bon souvenir. Les habitants de cette ville étaient très gras ; chacun d’eux « mangeait autant qu’un couvent tout entier » et appréciait fort de délicates friandises, telles que plantain bouilli dans le lait, citrons confits, cosses de poivre frais et gingembre vert.

Après avoir pris une certaine connaissance de ce pays des Berbères, principalement sur le littoral, Ibn Batuta résolut de gagner le Zanguebar, et, traversant la mer Rouge, il se rendit, en suivant la côte arabique, à Zafar, ville située sur la mer des Indes. La végétation de cette contrée était magnifique ; le bétel, le cocotier, l’arbre a encens y formaient des forêts magnifiques ; mais, toujours poussé par son esprit aventureux, le voyageur arabe alla plus avant et arriva à Ormuz, sur le golfe Persique. Il parcourut quelques provinces persanes. Nous le retrouvons une seconde fois à la Mecque en l’année 1332. Il rentrait donc à la ville sainte trois ans après l’avoir quittée.

Mais ce n’était qu’une halte dans l’existence voyageuse d’Ibn Batuta, un instant de repos, car, abandonnant l’Asie pour l’Afrique, cet intrépide savant se hasarda de nouveau au milieu des régions peu connues de la haute Égypte et redescendit jusqu’au Caire. De ce point,