Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en 1284, Kublaï-Khan avait envoyé une ambassade qui lui rapporta de prétendues reliques d’Adam, et entre autres ses deux dents mâchelières ; car, à en croire les traditions des Sarrasins, le tombeau de notre premier père aurait été situé au sommet de la montagne escarpée qui forme le principal relief de l’île. Après avoir perdu de vue Ceylan, Marco Polo se rendit à Cail, port qui paraît avoir disparu des cartes modernes, et auquel abordaient alors tous les navires qui venaient d’Ormuz, de Kis, d’Aden et des côtes de l’Arabie. De là, doublant le cap Comorin, pointe de la péninsule, les navigateurs arrivèrent en vue de Coilum, la Coulam actuelle, qui était, au treizième siècle, une ville très-commerçante. C’est là qu’on recueille particulièrement le bois de sandal, l’indigo, et les marchands du Levant et du Couchant y viennent trafiquer en grand nombre. Le pays du Malabar est très fertile en riz ; les animaux sauvages n’y manquent pas, tels que les léopards, que Marco Polo appelle « des lions noirs, » puis des perroquets de différentes espèces, et des paons qui sont incomparablement plus beaux que leurs congénères d’Europe.

La flotte, abandonnant Coilum et prolongeant vers le nord la côte du Malabar, arriva sur les rivages du royaume d’Éli, qui tire son nom d’une montagne située sur la limite du Kanara et du Malabar ; là se récoltent le poivre, le gingembre, le safran et autres épices. Au nord de ce royaume s’étendait cette contrée que le voyageur vénitien appelle Melibar, et qui est située au nord du Malabar proprement dit. Les vaisseaux des