Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dont les défenseurs furent passés au fil de l’épée ; mais une tempête dispersa les vaisseaux tartares, et l’expédition ne produisit aucun résultat. Marco Polo raconte cette tentative avec détails, et il cite différentes particularités relatives aux mœurs des Japonais.

Cependant, depuis dix-sept ans, sans compter les années employées au voyage de l’Europe à la Chine, Marco Polo, son oncle Matteo et son père Nicolo étaient au service de l’empereur. Ils avaient un vif désir de revoir leur patrie ; mais Kublaï-Khan, très-attaché à eux et très-appréciateur de leurs mérites, ne pouvait se décider à les laisser partir. Il fit tout pour vaincre leur résolution, et il leur offrit d’immenses richesses s’ils consentaient à ne jamais le quitter. Les trois Vénitiens persistèrent dans leur dessein de retourner en Europe, mais l’empereur refusa absolument d’autoriser leur départ. Marco Polo ne savait comment tromper la surveillance dont il était l’objet, quand un incident fit revenir Kublaï-Khan sur sa détermination.

Un prince mongol, Arghun, qui régnait en Perse, avait envoyé une ambassade à l’empereur pour lui demander en mariage une princesse du sang royal. Kublaï-Khan accorda au prince Arghun la main de sa fille Cogatra, et il la fit partir avec une suite nombreuse. Mais les contrées que l’escorte essaya de traverser pour se rendre en Perse n’étaient pas sûres ; des troubles, des rébellions arrêtèrent bientôt la caravane, qui dut revenir, après quelques mois, à la résidence de Kublaï-Khan. C’est alors que les ambassadeurs persans entendirent