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lions, ours, loups-cerviers, daims, chevreuils et cerfs, et, après vingt-trois jours de marche, il se trouva sur les limites de la grande plaine d’Acmelec-Mangi. Ce pays est fertile ; il donne abondamment toutes sortes de productions, et particulièrement le gingembre, dont il approvisionne toute la province du Cathay. Et telle est la fertilité du sol, que, suivant un voyageur français, M. E. Simon, l’hectare s’y vend actuellement 30,000 francs, soit trois francs le mètre. Au treizième siècle, cette plaine était couverte de villes et de châteaux, et les habitants y vivaient des fruits de la terre, du produit des bestiaux et du gibier, qui fournissait aux chasseurs une proie abondante et facile.

Marco Polo atteignit alors la capitale de la province de Szu-tchouan, Sindafu, la moderne Ching-tu-fou, dont la population dépasse actuellement quinze cent mille habitants. Sindafu, mesurant alors vingt milles de tour, était divisée en trois parties, entourées d’un mur particulier, et dont chacune avait un roi avant que Kublaï-Khan s’en fût emparé. Cette ville était traversée par le grand fleuve poissonneux du Kiang, large comme une mer, dont les eaux étaient sillonnées par une incroyable quantité de navires. Ce fut après avoir quitté cette cité commerçante et industrieuse que Marco Polo, après cinq journées de marche à travers de vastes forêts, arriva à cette province de Thibet, qu’il dit « être moult désolée, car elle fut détruite par la guerre. »

Ce Thibet est peuplé de lions, d’ours et d’animaux féroces, dont les voyageurs se défendraient difficile-