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telles que perles et pierres précieuses, et l’on y vient acheter de plus de deux cents lieues à la ronde. Aussi, pour les besoins de ce commerce, le grand khan a-t-il fait établir un hôtel de la monnaie, qui est pour lui une source intarissable de richesses. Il est vrai de dire que cette monnaie, véritable billet de banque scellé du sceau du souverain, est faite d’une sorte de carton fabriqué avec l’écorce du mûrier. Le carton, ainsi préparé, est coupé de diverses manières suivant la valeur fiduciaire que le souverain lui impose. Naturellement, le cours de cette monnaie est forcé. L’empereur s’en sert pour tous ses payements, il la fait répandre dans tous les pays soumis à sa domination, « et nul ne peut la refuser sous peine de perdre la vie. » D’ailleurs, plusieurs fois par année, les possesseurs de pierres précieuses, de perles, d’or ou d’argent, sont tenus d’apporter leurs trésors à l’hôtel de la monnaie, et ils reçoivent en échange ces pièces de carton, de telle sorte que l’empereur possède ainsi toutes les richesses de son empire.

Suivant Marco Polo, le système du gouvernement impérial repose sur une centralisation excessive. Le royaume, divisé en trente-quatre provinces, est administré par douze grandissimes barons qui habitent la ville même de Cambaluc ; là aussi, dans le palais de ces barons, demeurent les intendants et écrivains qui font les affaires de chaque province. Autour de la ville rayonnent un grand nombre de routes bien entretenues qui aboutissent aux divers points du royaume ; sur ces routes sont disposés des relais de poste, luxueusement