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C’est vers le mois de mars que l’empereur commence ses grandes chasses en se dirigeant vers la mer, et il n’est pas accompagné de moins de dix mille fauconniers, de cinq cents gerfauts et d’une innombrable quantité d’autours, de faucons-pèlerins et de faucons sacrés. Pendant cette excursion, un palais portatif, dressé sur quatre éléphants accouplés et revêtu au dehors de peaux de lions et au dedans de drap d’or, suit ce roi tartare qui se complaît à toute cette pompe orientale. Il s’avance ainsi jusqu’au camp de Chachiri-Mondou, établi sur un cours d’eau, tributaire de l’Amour, et il dresse sa tente, qui est assez vaste pour contenir dix mille chevaliers ou barons. C’est là son salon de réception ; c’est là qu’il donne ses audiences. Quand il veut se retirer ou se livrer au sommeil, il trouve dans une autre tente une merveilleuse salle tapissée de fourrures d’hermine et de zibeline, dont chaque peau vaut deux mille besants d’or, soit environ vingt mille francs de notre monnaie. L’empereur demeure ainsi jusqu’à Pâques, chassant grues, cygnes, lièvres, daims, chevreuils, et il revient alors vers sa capitale de Cambaluc.

Marco Polo complète en cet endroit la description de cette ville magnifique. Il énumère les douze bourgs qui la composent, dans lesquels les riches marchands ont fait élever des palais magnifiques, car cette ville est extrêmement commerçante. Il y vient plus de précieuses marchandises qu’en aucun lieu du monde. Mille charrettes chargées de soie y entrent chaque jour. C’est l’entrepôt et le marché des plus riches productions de l’Inde,