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importait que l’arbre fût grand. Ainsi il avait les plus beaux arbres du monde. Le grand sire a fait couvrir toute cette montagne de rouille d’azur, qui est moult verte, de sorte que les arbres sont tout verts, et le mont tout vert, et on ne voit que du vert, si bien que le mont est appelé mont Vert. Sur la montagne, au milieu du sommet, est un palais beau et grand et tout vert. Cette montagne, les arbres et le palais sont si beaux à regarder que tous ceux qui les voient en sont réjouis ; et le grand sire a fait ce tertre pour jouir de cette belle vue et goûter ce plaisir. »

Après le palais du khan, Marco Polo cite celui de son fils et héritier ; puis, il décrit la ville de Cambaluc, ville ancienne, séparée de la ville moderne de Taidu par un canal qui divise la moderne Péking en ville chinoise et en ville tartare. Le voyageur, observateur minutieux, nous apprend alors les faits et gestes de l’empereur. Suivant sa relation, Kublaï-Khan a une garde d’honneur de deux mille cavaliers, mais « ce n’est pas par peur qu’il l’entretient. » Ses repas sont de véritables cérémonies, soumis à une étiquette sévère. À sa table, qui est plus haute que les autres, il s’assoit au nord, ayant à sa gauche sa première femme, à droite et plus bas ses fils, ses neveux, ses parents ; il est servi par de hauts barons qui ont soin de se fermer la bouche et le nez avec de belles toiles de drap d’or, « afin que leur haleine et leur odeur n’atteignent point les mets et les breuvages du grand sire. » Quand l’empereur va boire, un concert d’instruments se fait entendre, et quand il tient sa coupe