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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.

Je les regardais à pleins yeux, lorsque le grand m’avisa et me fit signe d’approcher.

Ma foi, j’eus un peu peur, mais enfin je me risquai, et il me dit d’une voix comme le fausset d’un enfant de chœur :

« La maison du curé, petit ?

— La maison du…… le presbytère ?…

— Oui. Veux-tu m’y conduire ? »

Je pensai que M. le Curé m’admonesterait de lui avoir amené ces personnes, — le grand surtout, dont le regard me fascinait. J’aurais voulu refuser. Ce fut impossible, et me voilà filant vers le presbytère.

Une cinquantaine de pas nous en séparaient. Je montrai la porte et m’ensauvai tout courant, tandis que le marteau battait trois croches suivies d’une noire.

Des camarades m’attendaient sur la place, M. Valrügis avec eux. Il m’interrogea. Je racontai ce qui s’était passé. On me regardait… Songez donc ! Il m’avait parlé !

Mais ce que je pus dire n’avança pas beaucoup sur ce que ces deux hommes venaient faire à Kalfermatt. Pourquoi entretenir le curé ? Quelle avait été la réception de celui-ci, et ne lui était-il pas arrivé malheur, ainsi qu’à sa servante, une vieille d’âge canonique dont la tête déménageait parfois ?

Tout fut expliqué dans l’après-midi.

Ce type bizarre — le plus grand — se nommait Effarane. C’était un Hongrois, à la