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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle  MI-BÉMOL.

pousser une pointe jusqu’à l’école, finalement, retourner à l’auberge de Clère, où ils retinrent une chambre à deux lits, pour un temps dont ils n’indiquaient point la durée.

« Cela peut être un jour, une semaine, un mois, un an, avait dit le plus important de ces personnages, à ce que me rapporta Betty, lorsqu’elle m’eut rejoint sur la place.

— Est-ce que ce serait l’organiste d’hier ? demandai-je.

— Dame, ça se pourrait, Joseph.

— Avec son souffleur ?…

— Sans doute le gros, répondit Betty.

— Et comment sont-ils ?

— Comme tout le monde. »

Comme tout le monde, c’est évident, puisqu’ils avaient une tête sur leurs épaules, des bras emmanchés à leur torse, des pieds au bout des jambes. Mais on peut posséder tout cela et ne ressembler à personne. Et c’était ce que je reconnus, lorsque, vers onze heures, j’aperçus enfin ces deux étrangers si étranges.

Ils marchaient l’un derrière l’autre.

L’un de trente-cinq à quarante ans, efflanqué, maigre, une sorte de grand héron, emplumé d’une grande lévite jaunâtre, les jambes doublées d’un flottard étroit du bas et d’où sortaient des pieds pointus, coiffé d’une large toque avec aigrette. Quelle figure mince, glabre ! Des yeux plissés, petits mais perçants, avec une braise au