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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle  MI-BÉMOL.

servi, rangé les chaises, et nous allions commencer, lorsqu’un son lointain parvint à nos oreilles.

— Qu’est-ce que cela ? dit l’un.

— On croirait que ça vient de l’église, répondit l’autre.

— Mais c’est l’orgue !…

— Allons donc ! L’orgue jouerait tout seul ?…

Cependant, les sons se propageaient nettement, tantôt crescendo, tantôt diminuendo, s’enflant parfois comme s’ils fussent sortis des grosses bombardes de l’instrument.

On ouvrit la porte de l’auberge, malgré le froid. La vieille église était sombre, aucune lueur ne perçait à travers les vitraux de la nef. C’était le vent, sans doute, qui se glissait par quelque hiatus de la muraille. Nous nous étions trompés, et la veillée allait être reprise, lorsque le phénomène se reproduisit avec une telle intensité que l’erreur ne fut pas possible.

— Mais on joue dans l’église ! s’écria Jean Clère.

— C’est le diable, bien sûr, dit Jenny.

— Est-ce que le diable sait jouer de l’orgue ? répliqua l’aubergiste.

— Et pourquoi pas ? pensais-je à part moi.

Betty me prit la main.

— Le diable ? dit-elle.

Cependant, les portes de la place se sont