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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle  MI-BÉMOL.

plus, ce qu’il détonnait, le pauvre homme, surtout dans la préface de la messe ! Le ton baissait graduellement, et, quand il arrivait à supplici confessione dicentes, il avait beau chercher des notes sous son surplis, il n’en trouvait plus. Cela excitait à rire quelques-uns. Moi, cela me faisait pitié, — à Betty aussi. Rien de lamentable comme les offices à présent. À la Toussaint, il n’y avait eu aucune belle musique, et la Noël qui s’approchait avec ses Gloria, ses Adeste Fideles, ses Exultet !

M. le Curé avait bien essayé d’un moyen. Ç’avait été de remplacer l’orgue par un serpent. Au moins, avec un serpent, il ne détonnerait plus. La difficulté ne consistait pas à se procurer cet instrument antédiluvien. Il y en avait un pendu au mur de la sacristie, et qui dormait là depuis des années. Mais où trouver le serpentiste ? Au fait, ne pourrait-on utiliser le souffleur d’orgue, maintenant sans ouvrage.

« Tu as du souffle ? lui dit un jour M. le Curé.

— Oui, répondit ce brave homme, avec mon soufflet, mais pas avec ma bouche.

— Qu’importe ! essaie pour voir…

— J’essaierai. »

Et il essaya, il souffla dans le serpent, mais le son qui en sortit était abominable. Cela venait-il de lui, cela venait-il de la bête en bois ? Question insoluble. Il fallut donc y renoncer, et il était probable que la