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LA FAMILLE RATON.

À quelle fureur il s’abandonne alors ! Lui, si vain de sa beauté, si plein de morgue et de jactance, maintenant un singe avec une face grimaçante, des oreilles longues comme ça, un museau proéminent, des bras qui lui descendent jusqu’aux genoux, un nez écrasé, une peau jaunâtre dont les poils se hérissent !

Une glace est là sur un des panneaux de la chambre. Il se regarde !… Il pousse un cri terrible !… Il fond sur Gardafour, stupéfait de sa maladresse !… Il le saisit par le cou et l’étrangle de son vigoureux bras de chimpanzé.

Alors le parquet s’entr’ouvre, ainsi que cela se fait de tradition dans toutes les féeries, une vapeur s’en échappe, et le méchant Gardafour disparaît au milieu d’un tourbillon de flammes.

Puis le prince Kissador pousse une fenêtre, la franchit d’une gambade et va rejoindre ses semblables dans la forêt voisine.


XVI


Et alors, je ne surprendrai personne en disant que tout cela finit dans une apothéose, au milieu d’un éblouissant décor, pour la complète satisfaction de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, et même du goût. L’œil admire les plus beaux sites du monde,