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HIER ET DEMAIN.

vêtues de leurs costumes orientaux, vinrent émerveiller l’auguste assemblée.

Le prince Ratin, comme il convient, avait ouvert le bal avec la princesse Ratine, dans un quadrille où la duchesse Ratonne figurait au bras d’un seigneur de sang royal. Dom Rata y prenait part en compagnie d’une ambassadrice, et Ratane y fut conduite par le propre neveu d’un Grand Électeur.

Quant au cousin Raté, il hésita longtemps à payer de sa personne. Bien qu’il lui en coûtât de se tenir à l’écart, il n’osait inviter les femmes charmantes auxquelles il eût été si heureux d’offrir son bras, à défaut de sa main. Enfin, il se décida à faire danser une délicieuse comtesse, d’une remarquable distinction. Cette aimable femme accepta… un peu légèrement, peut-être, et voilà le couple lancé dans le tourbillon d’une valse de Gung’l.

Ah ! quel effet ! La place ne fut bientôt plus tenable ! Vainement le cousin Raté avait voulu ramasser sous son bras sa queue de baudet, comme les valseuses font de leur traîne. Cette queue, emportée par le mouvement centrifuge, lui échappa. Et alors, la voilà qui se détend comme une lanière, qui cingle les groupes dansants, qui s’entortille à leurs jambes, qui provoque les chutes les plus compromettantes et amène enfin celle du marquis Raté et de la délicieuse comtesse.

Il fallut l’emporter, à demi pâmée de