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LA FAMILLE RATON.

noires, son plumage cendré, et sa huppe mélancoliquement rabattue en arrière.

Il fut alors question de continuer le voyage, afin d’admirer le pays dans toute sa beauté.

Mais dame Ratonne n’admirait qu’elle, et dom Rata n’admirait que lui. Ni l’un ni l’autre ne regardaient ces incomparables paysages, leur préférant villes et bourgades, afin d’y déployer leurs grâces.

Enfin, on discutait là-dessus, lorsqu’un nouveau personnage parut à la porte du caravansérail.

C’était un de ces guides du pays, vêtu à la mode hindoue, qui venait offrir ses services aux voyageurs.

« Mon ami, lui demanda Raton, qu’y a-t-il de curieux à voir ?

— Une merveille sans égale, répondit le guide, c’est le grand sphinx du désert.

— Du désert ! fit dédaigneusement dame Ratonne.

— Nous ne sommes point venus pour visiter un désert, ajouta dom Rata.

— Oh ! répondit le guide, un désert qui n’en sera plus un aujourd’hui, car c’est la fête du sphinx, et l’on vient l’adorer de tous les coins du monde. »

Cela était bien pour engager nos vaniteux volatiles à lui rendre visite. Peu importait, d’ailleurs, à Ratine et à son fiancé en quel endroit on les conduirait, pourvu qu’ils y allassent ensemble. Quant au cousin