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HIER ET DEMAIN.

« Car nous avons bien besoin de vous, madame la fée ! dit Ratonne. Ah ! quand serai-je dame ?

— Patience, patience, répondit Firmenta. Il faut laisser opérer la nature, et cela demande un certain temps.

— Mais pourquoi veut-elle que j’aie une queue de merlan, quoique je sois redevenu rat ? s’écria le cousin en faisant une mine pitoyable. Madame la fée, ne pourrait-on m’en débarrasser ?…

— Hélas ! non, répondit Firmenta, et, vraiment, vous n’avez pas de chance. C’est votre nom de Raté qui veut cela, probablement. Espérons cependant que vous n’aurez point une queue de rat quand vous deviendrez oiseau !

— Oh ! s’écria dame Ratonne, que je voudrais donc être une reine de volière !

— Et moi, une belle grosse dinde truffée ! dit naïvement la bonne Ratane.

— Et moi, un roi de basse-cour ! ajouta Rata.

— Vous serez ce que vous serez, riposta le père Raton. Quant à moi, je suis rat, et le resterai grâce à ma goutte, et mieux vaut l’être, après tout, que de se retrousser les plumes, comme bien des oiseaux de ma connaissance ! »

En ce moment, la porte s’ouvrit, le jeune Ratin parut, pâle, défait. En quelques mots, il eut raconté l’histoire de la ratière, et