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HIER ET DEMAIN.

nés, faisant la vie dure à toute sa maison.

« Il faudra pourtant vous guérir, Monsieur, disait-elle, et je saurai bien vous y contraindre !

— Je ne demanderais pas mieux, ma bonne, répondait Raton, mais je crains que ce ne soit impossible, et je devrai me résigner à rester rat…

— Rat ! moi, la femme d’un rat ! et de quoi aurai-je l’air ?… Et ne voilà-t-il pas, d’autre part, notre fille amoureuse d’un garçon qui n’a pas le sou !… Quelle honte ! Supposez que je sois princesse un jour, Ratine sera princesse aussi…

— C’est donc que je serai prince, répliqua Raton, non sans une pointe de malice.

— Vous, prince, avec une queue et des pattes ! Voyez-vous le beau seigneur ! »

C’était ainsi que, toute la journée, on entendait geindre dame Ratonne. Le plus souvent, elle essayait de passer sa mauvaise humeur sur le cousin Raté. Il est vrai que le pauvre cousin ne cessait de prêter à la plaisanterie.

Cette fois encore, la métamorphose n’avait pas été complète.

Il n’était rat qu’à moitié, — rat par devant, mais poisson par derrière avec une queue de merlan, ce qui le rendait absolument grotesque. Dans ces conditions, allez donc plaire à la belle Ratine, ou même aux jolies autres rates de Ratopolis !

« Mais, qu’ai-je donc fait à la nature, pour