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L’ÉTERNEL ADAM.

descendait de ces hommes, qui, après avoir erré de longs mois sur le désert des océans, étaient venus échouer en ce point du rivage où s’élevait maintenant Basidra ? Ainsi, ces créatures misérables avaient fait partie d’une humanité glorieuse, au regard de laquelle l’humanité actuelle balbutiait à peine ! Et cependant, pour que fussent abolis à jamais la science et jusqu’au souvenir de ces peuples si puissants, qu’avait-il fallu ? Moins que rien : qu’un imperceptible frisson parcourût l’écorce du globe.

Quel irréparable malheur que les manuscrits signalés par le document eussent été détruits avec la caisse de fer qui les contenait ! Mais, si grand que fût ce malheur, il était impossible de conserver le moindre espoir, les ouvriers ayant, pour creuser les fondations, retourné le sol en tous sens. À n’en pas douter, le fer avait été corrodé par le temps, alors que l’étui d’aluminium résistait victorieusement.

Au reste, il n’en fallait pas plus pour que l’optimisme de Sofr fût irrémédiablement bouleversé. Si le manuscrit ne présentait aucun détail technique, il abondait en indications générales et prouvait d’une manière péremptoire que l’humanité s’était jadis avancée plus avant sur la route de la vérité qu’elle ne l’avait fait depuis. Tout y était, dans ce récit : les notions que possédait Sofr, et d’autres qu’il n’aurait pas même osé imaginer, — jusqu’à l’explication de ce