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L’ÉTERNEL ADAM.

ces quelques espèces anciennes. Par suite d’un travail d’adaptation des plus étranges, il existe, au contraire, une végétation à l’état, tout au moins, de rudiment, de promesse, sur tout le continent.

Les plantes marines, dont celui-ci était couvert quand il a jailli hors des îlots, sont mortes, pour la plupart, à la lumière du soleil. Quelques-unes cependant ont persisté, dans les lacs, les étangs et les flaques d’eau que la chaleur a progressivement desséchés. Mais, à cette époque, des rivières et des ruisseaux commençaient à naître, d’autant plus propres à la vie des goémons et des algues que l’eau en était salée. Lorsque la surface, puis la profondeur du sol eurent été privées de sel, et que l’eau devint douce, l’immense majorité de ces plantes furent détruites. Un petit nombre d’entre elles, cependant, ayant pu se prêter aux nouvelles conditions de vie, prospérèrent dans l’eau douce comme elles avaient prospéré dans l’eau salée. Mais le phénomène ne s’est pas arrêté là : quelques-unes de ces plantes, douées d’un pouvoir d’accommodation plus grand, se sont adaptées au plein air, après s’être adaptées à l’eau douce, et, sur les berges tout d’abord, puis de proche en proche, ont gagné vers l’intérieur.

Nous avons surpris cette transformation sur le vif, et nous avons pu constater combien les formes se modifiaient en même temps que le fonctionnement physiologique. Déjà quelques tiges s’érigent timidement vers le ciel. On peut