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HIER ET DEMAIN.

sûrs d’avoir mesuré exactement le temps. Cela promet !

Notre négligence n’a, au surplus, rien de bien étonnant. Nous employons toute notre attention, toute notre activité, à conserver notre vie. Se nourrir est un problème dont la solution exige la journée entière. Que mangeons-nous ? Des poissons, quand nous en trouvons, ce qui devient chaque jour moins facile, car notre poursuite incessante les effarouche. Nous mangeons aussi des œufs de tortue et certaines algues comestibles. Le soir, nous sommes repus, mais exténués, et nous ne pensons qu’à dormir.

On a improvisé des tentes avec les toiles de la Virginia. J’estime qu’il faudra construire à bref délai un abri plus sérieux.

Parfois nous tirons un oiseau : l’atmosphère n’est pas si déserte que nous l’avions supposé d’abord ; une dizaine d’espèces connues sont représentées sur ce continent nouveau. Ce sont exclusivement des longs-courriers : hirondelles, albatros, cordonniers et quelques autres. Il faut croire qu’ils ne trouvent pas leur nourriture sur cette terre sans végétation, car ils ne cessent de tournoyer autour de notre campement, à l’affut des reliefs de nos misérables repas. Parfois nous en ramassons un que la faim a tué, ce qui épargne notre poudre et nos fusils.

Heureusement, il y a des chances pour que la situation devienne moins mauvaise. Nous avons découvert un sac de blé dans la cale de