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HIER ET DEMAIN.

séchés, sans le plus petit brin d’herbe, sans rien de vivant, ni sur la terre, ni dans le ciel. De place en place, de petits lacs, des étangs plutôt, brillaient aux rayons du soleil. Ayant voulu nous désaltérer., nous reconnûmes que l’eau en était salée.

Nous n’en fûmes pas surpris, à vrai dire. Le fait confirmait ce que nous avions supposé de prime abord, à savoir que ce continent inconnu était né d’hier et qu’il était sorti, d’un seul bloc, des profondeurs de la mer. Cela expliquait son aridité, comme sa parfaite solitude. Cela expliquait encore cette épaisse couche de vase uniformément répandue, qui, par suite de l’évaporation, commençait à se craqueler et à se réduire en poussière…

Le lendemain, à midi, le point donna 17° 20′ de latitude Nord et 23° 55′ de longitude Ouest. En le reportant sur la carte, nous pûmes voir qu’il se trouvait bien en pleine mer, à peu près à la hauteur du Cap Vert. Et pourtant, la terre, dans l’Ouest, la mer, dans l’Est, s’étendaient maintenant à perte de vue.

Quelque rébarbatif et inhospitalier que fût le continent sur lequel nous avions pris pied, force nous était de nous en contenter. C’est pourquoi le déchargement de la Virginia fut entrepris sans plus attendre. On monta sur le plateau tout ce qu’elle contenait, sans choix. Auparavant, on avait affourché solidement le bâtiment sur quatre ancres, par quinze brasses de fond. Dans cette baie tranquille, il ne courait aucun risque, et nous pouvions