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HIER ET DEMAIN.

Mlle Ratine, — une jolie et élégante dorade de Chine, presque diaphane, bien attrayante dans son vêtement mélangé de noir, de rouge et d’azur.

Rata, — un farouche brochet de mer, corps allongé, bouche fendue jusqu’aux yeux, dents tranchantes, l’air furieux comme un requin en miniature, et d’une surprenante voracité.

Ratane, — une grosse truite saumonée, avec ses taches ocellées, couleur de vermillon, les deux croissants dessinés sur le fond argenté de ses écailles, et qui eût fait bonne figure sur la table d’un gourmet.

Enfin, le cousin Raté, — un merlan au dos d’un gris verdâtre. Mais, par une bizarrerie de la nature, ne voilà-t-il pas qu’il n’est qu’à moitié poisson ! Oui, l’extrémité de son corps, au lieu d’être terminée par une queue, est encore engagée entre deux écailles d’huître. N’est-ce pas là le comble du ridicule ? Pauvre cousin !

Et alors, merlan, truite, brochet, dorade, vive, turbot, rangés sous les eaux claires, au pied de la roche où Firmenta agitait sa baguette, semblaient dire :

« Merci, bonne fée, merci ! »


V


En ce moment, une masse, venant du large, se dessine plus nettement. C’est une