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L’ÉTERNEL ADAM.

que la mer. Nous occupons le seul point solide du cercle immense décrit par l’horizon.

Il nous suffit d’un coup d’œil pour connaître dans toute son étendue l’îlot où une chance extraordinaire nous a fait trouver asile. Il est de petite taille, en effet : mille mètres, au plus, en longueur, et cinq cents dans l’autre dimension. Vers le Nord, l’Ouest et le Sud, son sommet, élevé d’à peu près cent mètres au-dessus des flots, les rejoint par une pente assez douce. À l’Est, au contraire, l’îlot se termine en une falaise qui tombe à pic dans l’océan.

C’est de ce côté surtout que nos yeux se tournent. Dans cette direction, nous devrions voir des montagnes étagées, et, au delà, le Mexique tout entier. Quel changement dans l’espace d’une courte nuit de printemps ! Les montagnes ont disparu, le Mexique a été englouti ! À leur place, c’est un désert infini, le désert aride de la mer !

Nous nous regardons, épouvantés. Parqués, sans vivres, sans eau, sur ce roc étroit et nu, nous ne pouvons conserver le moindre espoir. Farouches, nous nous couchons sur le sol, et nous commençons à attendre la mort.

À bord de la Virginia, 4 juin.

Que s’est-il passé pendant les jours suivants ? Je n’en ai pas gardé le souvenir. Il est à supposer que je perdis finalement connaissance : je ne reprends conscience qu’à bord