dans notre situation. Déjà, nous distinguions le point culminant de la côte, quand la voiture éprouva une violente secousse et fit une embardée qui faillit la fracasser sur le talus de la route. En même temps, une vague énorme s’enfla derrière nous, courut à l’assaut de la route, se creusa, et déferla finalement sur l’auto, qui fut entourée d’écume… Allions-nous donc être engloutis ?…
Non ! l’eau se retira en bouillonnant, tandis que le moteur, précipitant tout à coup ses halètements, augmentait notre allure.
D’où provenait ce subit accroissement de vitesse ? Un cri d’Anna Raleigh nous le fit comprendre : ainsi que la pauvre femme venait de le constater, son mari n’était plus cramponné aux ressorts. Sans doute, le remous avait arraché le malheureux, et c’est pourquoi la voiture délestée gravissait plus allègrement la pente.
Soudain elle s’arrêta sur place.
— Qu’y a-t-il ? demandai-je à Simonat. Une panne ?
Même dans ces circonstances tragiques, l’orgueil professionnel ne perdit pas ses droits : Simonat haussa les épaules avec dédain, entendant par là me signifier que la panne était inconnue d’un chauffeur de sa sorte, et, de la main, il montra silencieusement la route. L’arrêt me fut alors expliqué.
La route était coupée à moins de dix mètres en avant de nous. « Coupée » est le mot juste : on l’eût dite tranchée au couteau. Au delà