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HIER ET DEMAIN.

mètres à l’heure. — Étant donnée la distance qui nous séparait des premières vagues, nous allions par conséquent être engloutis en moins de trois minutes, si la vitesse de chute demeurait uniforme.

Ma décision fut rapide :

« À l’auto ! » m’écriai-je.

On me comprit. Nous nous élançâmes tous vers la remise, et l’auto fut traînée au dehors. En un clin d’œil, on fit le plein d’essence, puis nous nous entassâmes au petit bonheur. Mon chauffeur Simonat actionna le moteur, sauta au volant, embraya et partit sur la route en quatrième vitesse, tandis que Raleigh, ayant ouvert la grille, agrippait l’auto au passage et se cramponnait aux ressorts d’arrière.

Il était temps ! Au moment où l’auto atteignait la route, une lame vint, en déferlant, mouiller les roues jusqu’au moyeu. Bah ! désormais nous pouvions nous rire de la poursuite de la mer. En dépit de sa charge excessive, ma bonne machine saurait nous mettre hors de ses atteintes, et, à moins que la descente vers l’abîme ne dût indéfiniment continuer… En somme, nous avions du champ devant nous : deux heures au moins de montée et une altitude disponible de près de quinze cents mètres.

Pourtant je ne tardai pas à reconnaître qu’il ne convenait pas encore de crier victoire. Après que le premier bond de la voiture nous eût portés à une vingtaine de mètres de la