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LA FAMILLE RATON.

fussent les princes, et même les rois, ils ne pouvaient rien en ce temps-là contre les fées, et il en serait encore de même, si nous revenions jamais à cette heureuse époque.

Et, en effet, voici que Firmenta dit au beau jeune homme :

« Maintenant que la mer est haute. Raton et les siens vont remonter d’un échelon vers l’humanité. Je vais les faire poissons et, sous cette forme, ils n’auront plus rien à craindre de leurs ennemis.

— Même si on les pêche ?… fit observer Ratin.

— Sois tranquille, je veillerai sur eux. »

Par malheur, Gardafour avait entendu la fée et imaginé un plan ; suivi du prince, il se dirigea vers la terre ferme.

Alors la fée étendit sa baguette vers le banc de Samobrives, caché sous les eaux. Les huîtres de la famille Raton s’entr’ouvrirent. Il en sortit des poissons frétillants, tout joyeux de cette nouvelle transformation.

Raton, le père, — un brave et digne turbot, avec des tubercules sur son flanc brunâtre, et qui, s’il n’eût eu face humaine, vous aurait regardé de ses deux gros yeux placés sur le côté gauche.

Mme Ratonne, — une vive, avec la forte épine de son opercule et les piquants acérés de sa première dorsale, très belle, d’ailleurs, sous ses couleurs changeantes.