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HIER ET DEMAIN.

procédassent d’ancêtres marins, cela paraissait incontestable pour presque tous, mais non pour tous. Il existait, en effet, quelques plantes et quelques animaux qu’il semblait impossible de rattacher à des formes aquatiques. Là était un des deux points faibles du système.

L’homme — Sofr ne se le dissimulait pas — était l’autre point faible. Entre l’homme et les animaux, aucun rapprochement n’était possible. Certes les fonctions et les propriétés primordiales, telles que la respiration, la nutrition, la motilité étaient les mêmes et s’accomplissaient ou se révélaient sensiblement de pareille manière, mais un abîme infranchissable subsistait entre les formes extérieures, le nombre et la disposition des organes. Si, par une chaîne dont peu de maillons manquaient, on pouvait rattacher la grande majorité des animaux à des ancêtres issus de la mer, une pareille filiation était inadmissible en ce qui concernait l’homme. Pour conserver intacte la théorie de l’évolution, on était donc dans la nécessité d’imaginer gratuitement l’hypothèse d’une souche commune aux habitants des eaux et à l’homme, souche dont rien, absolument rien, ne démontrait l’existence antérieure.

Un moment, Sofr avait espéré trouver dans le sol des arguments favorables à ses préférences. À son instigation et sous sa direction, des fouilles avaient été faites