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LA FAMILLE RATON.

— Ah ! Gardafour, reprit le prince en frisant sa moustache, cette petite Ratine ! J’en suis ensorcelé ! Il faut qu’elle soit à moi ! Je te paie pour me servir, et si tu ne réussis pas, prends garde !…

— Prince, répondit Gardafour, si j’ai pu changer toute cette famille de rats en mollusques, avant que mon pouvoir ne m’eût été retiré, je n’aurais pu en faire des êtres humains, vous le savez !

— Oui, Gardafour, et c’est bien cela qui m’enrage !… »

Tous deux prirent pied sur le banc, au moment où deux personnes paraissaient sur l’autre côté de la grève. C’étaient la fée Firmenta et le jeune Ratin. Celui-ci tenait sur son cœur la double coquille qui renfermait sa bien-aimée.

Soudain ils aperçurent le prince et l’enchanteur.

« Gardafour, dit la fée, que viens-tu faire ici ? Préparer encore quelque machination criminelle ?

— Fée Firmenta, dit le prince Kissador, tu sais que je suis fou de cette gentille Ratine, assez peu avisée pour repousser un seigneur de ma tournure, et qui attend si impatiemment l’heure où tu la rendras jeune fille…

— Quand je la rendrai jeune fille, répondit Firmenta, ce sera pour appartenir à celui qu’elle préfère.

— Cet impertinent, riposta le prince, ce