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L’ÉTERNEL ADAM.

le sceptre menait l’univers à de glorieuses destinées.

Au surplus, pour un zartog, les raisons de se réjouir ne manquaient pas. Outre l’historien qui avait retracé les fastes de la Mahart-Iten-Schu, une pléiade de savants, à l’occasion du grandiose anniversaire, avaient établi, chacun dans sa spécialité, le bilan du savoir humain et marqué le point où son effort séculaire avait amené l’humanité. Or, si le premier avait suggéré, dans une certaine mesure, de tristes réflexions, en racontant par quelle route lente et tortueuse elle s’était évadée de sa bestialité originelle, les autres avaient donné un aliment au légitime orgueil de leur auditoire.

Oui, en vérité, la comparaison entre ce qu’était l’homme, arrivant nu et désarmé sur la terre, et ce qu’il était aujourd’hui, incitait à l’admiration. Pendant des siècles, malgré ses discordes et ses haines fratricides, pas un instant il n’avait interrompu la lutte contre la nature, augmentant sans cesse l’ampleur de sa victoire. Lente tout d’abord, sa marche triomphale s’était étonnamment accélérée depuis deux cents ans, la stabilité des institutions politiques et la paix universelle, qui en était résultée, ayant provoqué un merveilleux essor de la science. L’humanité avait vécu par le cerveau, et non plus seulement par les membres ; elle avait réfléchi, au lieu de