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HIER ET DEMAIN.

ancestraux qu’on aurait pu croire abolis. L’ancien sentiment de la race ressuscitait sous une forme nouvelle, caractérisée par des mots nouveaux. On parlait couramment d’ « atavisme », d’ « affinités », de « nationalités », etc., — tous vocables de création récente, qui, répondant à un besoin, avaient aussitôt conquis droit de cité. — Suivant les communautés d’origine, d’aspect physique, de tendances morales, d’intérêts ou simplement de région et de climat, des groupements apparaissaient qu’on voyait grandir peu à peu et qui commençaient à s’agiter. Comment cette évolution naissante tournerait-elle ? L’Empire allait-il se désagréger à peine formé ? La Mahart-Iten-Schu allait-elle être divisée, comme jadis, entre un grand nombre de nations, ou du moins, pour en maintenir l’unité, faudrait-il avoir encore recours aux effroyables hécatombes qui, durant tant de millénaires, avaient fait de la terre un charnier ?…

Sofr, d’un mouvement de tête, rejeta ces pensées. L’avenir, ni lui ni personne ne le connaissait. Pourquoi donc s’attrister à l’avance d’événements incertains ? D’ailleurs, ce n’était pas le jour de méditer ces sinistres hypothèses. Aujourd’hui, tout était à la joie, et l’on ne devait songer qu’à la grandeur auguste de Mogar-Si, douzième empereur du Hars-Iten-Schu, dont