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HIER ET DEMAIN.

forme très irrégulière, dont les pointes extrêmes (à compter d’après les mesures connues du lecteur), atteignaient, en longitude, le quatrième degré Est et le soixante-deuxième degré Ouest, et, en latitude, le cinquante-quatrième degré Nord et le cinquante-cinquième degré Sud. Quant à l’étendue respective de ces mers, comment l’évaluer, fût-ce d’une manière approximative, puisqu’elles se rejoignaient toutes, et qu’un navigateur, quittant l’un quelconque de leurs rivages et voguant toujours devant lui, fût nécessairement arrivé au rivage diamétralement opposé ? Car, sur toute la surface du globe, il n’existait pas d’autre terre que celle du Hars-Iten-Schu.

Sofr marchait à pas lents, d’abord parce qu’il faisait très chaud : on entrait dans la saison brûlante, et, sur Basidra, située au bord de la Spone-Schu, ou mer orientale, à moins de vingt degrés au Nord de l’Équateur, une terrible cataracte de rayons tombaient du soleil, proche alors du zénith.

Mais, plus que la lassitude et la chaleur, le poids de ses pensées ralentissait les pas de Sofr, le savant zartog. Tout en s’épongeant le front d’une main distraite, il se remémorait la séance qui venait de prendre fin, où tant d’orateurs éloquents, parmi lesquels il s’honorait d’être compté, avaient magnifiquement célébré le cent quatre-vingt-quinzième anniversaire de la fondation de l’Empire.