Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
HIER ET DEMAIN.

Mais messieurs les Anglais ne se résigneront donc jamais à ce que, par un juste retour des choses d’ici-bas, leur pays soit devenu colonie américaine ? C’est de la folie pure ! Comment votre gouvernement a-t-il pu croire que j’entamerais cette antipatriotique campagne…

— Monsieur Benett, la doctrine de Munroë, c’est toute l’Amérique aux Américains, vous le savez, mais rien que l’Amérique, et non pas…

— Mais l’Angleterre n’est qu’une de nos colonies, Monsieur, l’une des plus belles. Ne comptez pas que nous consentions jamais à la rendre !

— Vous refusez ?…

— Je refuse, et si vous insistiez, nous ferions naître un casus belli, rien que sur l’interview de l’un de nos reporters !

— C’est donc la fin ! murmura le consul accablé. Le Royaume-Uni, le Canada et la Nouvelle-Bretagne sont aux Américains, les Indes sont aux Russes, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont à elles-mêmes ! De tout ce qui fut autrefois l’Angleterre, que nous reste-t-il ?… Plus rien !

— Plus rien, Monsieur ! riposta Francis Benett. Eh bien ! et Gibraltar ? »



Midi sonnait en ce moment. Le directeur du Earth Herald, terminant l’audience d’un