tout un corps d’armée, ces projectiles que l’on charge avec les microbes de la peste, du choléra, de la fièvre jaune, et qui détruiraient toute une nation en quelques heures ?
— Nous le savons, monsieur Benett ! répondit l’ambassadeur de Russie. Mais fait-on ce que l’on veut ?… Poussés nous-mêmes par les Chinois sur notre frontière orientale, il nous faut bien, coûte que coûte, tenter quelque effort vers l’ouest…
— N’est-ce que cela, Monsieur ? répliqua Francis Benett d’un ton protecteur. Eh bien ! puisque la prolification chinoise est un danger pour le monde, nous pèserons sur le Fils du Ciel ! Il faudra bien qu’il impose à ses sujets un maximum de natalité qu’ils ne pourront dépasser sous peine de mort ! Un enfant de trop ?… Un père de moins ! Cela fera compensation. — Et vous, Monsieur, dit le directeur du Earth Herald, en s’adressant au consul d’Angleterre, que puis-je pour votre service ?…
— Beaucoup, monsieur Benett, répondit ce personnage. Il suffirait que votre journal voulût bien entamer une campagne en notre faveur…
— Et à quel propos ?…
— Tout simplement pour protester contre l’annexion de la Grande-Bretagne aux États-Unis…
— Tout simplement ! s’écria Francis Benett, en haussant les épaules. Une annexion vieille de cent cinquante ans déjà !