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LE HUMBUG.

cement de l’ancien fort William, j’arrivai, après avoir fait cinq ou six milles, au terme de mon voyage.

J’étais au milieu d’une immense plaine, dont une faible partie avait été bouleversée par quelques travaux récents mais de peu d’importance. Un espace considérable était hermétiquement fermé par une palissade. J’ignorais si elle délimitait l’emplacement de l’Exposition, mais ce fait me fut confirmé par un chasseur de castors que je rencontrai aux environs, et qui se dirigeait sur la frontière du Canada.

« C’est bien ici, me dit-il, mais je ne sais ce qu’on y prépare, car, ce matin, j’y ai entendu pas mal de coups de carabine. »

Je le remerciai et je continuai mes recherches.

Je ne voyais pas la moindre trace de travaux au dehors. Un silence complet régnait sur cette plaine inculte, à laquelle des constructions gigantesques devaient donner la vie et le mouvement.

Ne pouvant satisfaire ma curiosité sans pénétrer dans l’enceinte, je résolus d’en faire le tour pour voir si je ne découvrirais pas quelque moyen d’accès. Je marchai longtemps sans apercevoir l’apparence d’une porte. Assez désappointé, j’en arrivai à ne plus demander au ciel qu’une fente, un simple trou pour y appliquer mon œil, quand, à un angle de la clôture, j’aperçus des planches et des poteaux renversés.