les plus doux du monde, un petit nez bien droit, une bouche charmante qui répète :
« Ratin ! mon cher Ratin !…
— C’est elle ! » s’écrie le beau jeune homme.
C’était Ratine, en effet ; il l’avait bien reconnue. Car il faut vous dire, mes chers enfants, qu’en cet heureux temps de magie, les êtres avaient déjà visage humain, même avant d’appartenir à l’humanité.
Et comme Ratine était jolie sous la nacre de sa coquille ! On eût dit un bijou dans son écrin.
Et elle s’exprimait ainsi :
« Ratin, mon cher Ratin, j’ai entendu tout ce que tu viens de dire à madame la fée, et madame la fée a daigné promettre de réparer le mal que nous a fait ce méchant Gardafour. Oh ! ne m’abandonnez pas, car, s’il m’a changée en huître, c’est pour que je ne puisse plus m’enfuir ! Alors le prince Kissador viendra me détacher du banc auquel est attachée ma famille ; il m’emportera, il me mettra dans son vivier, il attendra que je sois devenue jeune fille, et je serai à jamais perdue pour mon pauvre et cher Ratin ! »
Elle parlait d’une voix si plaintive, que le jeune homme, profondément ému, pouvait à peine répondre.
« Oh ! ma Ratine ! » murmurait-il.
Et, dans un élan de tendresse, il étendait la main vers le pauvre petit mollusque,