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LE HUMBUG.

prenait note des arrivages, mais il n’ouvrait pas la bouche sur ses vastes desseins. On s’étonnait même qu’un homme de sa force ne fit aucune publicité proprement dite. Peut-être dédaignait-il ces moyens ordinaires de lancer une entreprise et s’en remettait-il à son propre mérite.

Or, les choses en étaient à ce point, quand un beau matin le New York Herald inséra dans ses colonnes la nouvelle suivante :

« Chacun sait que les travaux de l’Exposition Universelle d’Albany avancent avec rapidité. Déjà les ruines du vieux fort William ont disparu, et les fondations de merveilleux monuments se creusent au milieu de l’enthousiasme général. L’autre jour, la pioche d’un ouvrier a mis à découvert les restes d’un squelette énorme évidemment enfoui depuis des milliers d’années. Empressons-nous d’ajouter que cette découverte ne retardera en rien les travaux qui doivent donner aux États-Unis d’Amérique une huitième merveille du monde. »

J’accordai à ces quelques lignes l’indifférente attention due aux innombrables faits divers qui pullulent dans les journaux américains. Je ne me doutais pas du parti qu’on en devait tirer plus tard. Il est vrai que cette découverte prit dans la bouche d’Augustus Hopkins une importance extraordinaire. Autant il avait montré de réserve à s’expliquer, sur ses projets